L’auteur, José Eduardo Agualusa, voulait au début écrire le scénario d’un film inspiré d’une histoire vraie. Cette histoire, c’est celle de Ludovica, une Portugaise installée en Angola qui a vécu emmurée dans son appartement pendant presque 30 ans. C’est elle-même qui a construit le mur devant la porte de l’appartement quelques jours avant la déclaration d’Indépendance du pays. Craignant le changement et la violence extérieure, elle a préféré rester seule et isolée dans cet immeuble de Luanda, capitale angolaise.
Le choix est singulier, et ces quelques phrases vont sûrement vous inspirer cette idée : “on va s’ennuyer avec ce récit de survie !”.
J’admets que cette idée m’avait également traversé l’esprit. C’est le titre du roman qui m’a poussée à le choisir comme prochaine lecture : Théorie générale de l’oubli.
Durant son enfermement volontaire, Ludo était à la fois captive et libre. En effet, elle dispose de moyens limités et aucune ressources extérieures ne lui viennent en aide. Elle n’a rapidement plus vraiment d’électricité, ni d’eau courante. Finalement le monde extérieure lui inspire si peu de bien qu’elle s’enferme dans un silence salvateur. Son seul compagnon est son chien Fantôme (c’est son nom), et les animaux de passage sur la terrasse qui lui permet de survivre grâce aux plantes qu’elle y a judicieusement semées.
Mais ce roman est bien plus que le simple récit des enjeux de cette captivité pour Ludo. J’y ai découvert un peu de l’Angola et son histoire que je ne connaissais absolument pas. Je me demande d’ailleurs comment j’ai pu passer à côté de cet épisode de l’Histoire. Le roman raconte également les faits d’une révolution et ce qu’elle implique pour les personnes qui vivent là. Expatriation, mort, poursuite, succès, richesse : les destins de plusieurs personnages se croisent et sont sans le savoir au début très liés à Ludovica.
Quant à la théorie générale de l’oubli, c’est grâce à elle aussi que Ludo finit par trouver la paix. J’ai l’impression même qu’elle s’assagit dans sa retraite.
Grâce à une écriture rythmée avec un ton parfois taquin, ce roman dans sa traduction française est un délice. Faut-il vous en dire plus pour vous encourager à le lire ?
D’ailleurs, si vous avez la chance de lire le Portugais, essayez de vous le procurer dans sa version originale !
> José Eduardo Agualusa, Théorie générale de l’oubli, éd. Métailié, 17,00 € neuf.
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