L’affiche, c’est toute une histoire. Saviez-vous qu’on les appelait jadis des placards, et que c’est la raison pour laquelle on utilise le verbe placarder ? Il y a quasiment un an maintenant, je vous faisais part d’une sélection d’affiches de tourisme si caractéristiques. Aujourd’hui, je tombe quasiment par hasard sur le projet de Barfutura qui me donne un beau prétexte pour vous parler d’affiches de cinéma.
The Title est un projet d’affiche qui reprend si bien les codes de celle de de cinéma, qu’elle en devient crédible.
Tout est là : le titre du film, les crédits, les phrases pour attirer le spectateur, les nominations, les présentations à des festivals… Le tout est presque absurde mais si réaliste des affiches actuelles.
Le principe fonctionne au point où ajouter une photographie est complètement inutile. Pendant que la grande tendance actuelle en terme d’expérimentation typographique est de coller une phrase choisie avec de belles lettres sur une photographie, ici les caractères et leur agencement suffisent. C’est la composition qui prime et réalisée avec exactitude elle donne ce résultat convaincant. Le vice a par ailleurs été poussé au point de mettre en ligne un site www.thetitlethemovie.com à la manière des sites Web officiels de promotion pour le cinéma.
Rétrospective
L’affiche de cinéma… quelle histoire ! Il faudrait refaire l’histoire du cinéma et la croiser avec l’histoire de l’affiche pour en faire une présentation complète. C’est une chose dont je suis incapable en un seul billet et je pense même que cela pourrait faire l’objet d’un livre. Si cela n’est pas déjà fait. En revanche, je peux vous proposer une petite sélection de quelques unes me paraissant intéressantes.
L’affiche dessinée des années 20
Durant de nombreuses années les affiches ont surtout été dessinées. Ces raisons sont pratiques car la reproduction de photographies en grand format et en grande quantité est difficile et pas du tout d’actualité. C’est alors l’occasion pour des affichistes d’être sur le devant de la scène et mettre à profit leurs talents. L’affichiste est alors à la fois artiste et artisan pour servir une commande à but promotionnel.
De ce point de vue, l’affiche de The Artist qui cherche tant à se donner une allures des années 20 s’avère être terriblement 2012. Cette belle photographie en noir & blanc à fort renvoie alors à l’ambiance du film. On cherche à communiquer au public ce qu’il trouvera dans ce long métrage, lui qui a si l’habitude aujourd’hui des images de synthèses et autres exploits technologiques.
L’affiche de The Kid est quant à elle en couleurs, tandis que le film est bel et bien en noir & blanc. L’affiche va attirer les regards par sa couleur tandis que The Artist le fera par le monochrome.
En outre, en voyant cette affiche je ne peux m’empêcher de penser à ce cher Leonetto Cappiello qui disait alors qu’une belle affiche et communication se faisait par un symbole détaché sur un fond uni.
Haut en couleurs à la fin des années 30
Ah le Technicolor ! Cette technologie qui fera pâlir toutes les fashionnistas adeptes du color block.
Les films sont alors non seulement en couleur mais aussi empreints d’un contraste saisissant et peut-être un peu trop présent par moment. Dans ce contexte, Robin Hood est un phénomène de la même manière que le fut Avatar pour sa technologie d’images de synthèse et en 3D.
Si James Cameron était né, c’est lui qui aurait réalisé Robin Hood avec le prestigieux et séduisant Errol Flynn.
L’affiche se doit donc d’être à la hauteur en offrant au passant un aperçu de ce vont se prendre ses yeux. Le logo Technicolor mis en avant juste au-dessus du titre du film est alors lui-même une petite démonstration de ce qu’il veut vendre.
Double Rainbow all the way !
1968, Romeo & Juliet de Franco Zeffirelli
Écoutant régulièrement la bande originale de Romeo & Juliet de Zeffirelli, je me suis demandée à quoi pouvait bien ressembler son affiche. Ayant trouvé deux versions, je me suis dit qu’il valait le coup que nous comparions un peu les deux.
Nous avons à gauche l’affiche occidentale qui montrent les amants interdits avant ou après leur partie de scrabble nocturne. Les deux sont alors mariés mais voyez donc ce regard ardent de la petite Juliet ! La miniature quant à elle met en avant une scène de duel mouvementé.
Pendant ce temps nous avons à droite une affiche asiatique qui présentent les deux personnages de manière très sérieuse lors de leur cérémonie de mariage, et la miniature met en avant l’histoire d’amour des deux jeunes gens.
Autre culture, autre affiche !
Les années 80
Cette affiche ci est dessinée, mais il ne s’agit pas de n’importe quel film : c’est Tron sorti 1982. Je ne vais aucunement frimer pour avoir l’air geek en vous parlant de Tron, parce qu’avant Tron Legacy j’en avais à peine entendu parler puisque je suis née 7 années plus tard.
Fait tout de même intéressant, le film a été réalisé à une époque où on ne disposait pas de belles souris pour faire de l’image de synthèse dans des logiciels de montage virtuel comme aujourd’hui. Alors Tron est quelque part une belle démonstration technologique.
L’ambiance du film technologique est mise en valeur en utilisant un fort contraste clair-obscur. La lumière rendue par les éléments électroniques donnent le ton.
Nous sommes dans un univers numérique.
Fin des années 90, la même chose mais avec des photos
Prenons pour exemple les affiches de Star Wars – oui, je ne peux pas m’empêcher de faire souvent des référence à Star Wars – où nous avons tout de même une belle palette d’affiches. La même chose pourrait être faite avec Indiana Jones.
À l’heure où sortent ces deux films, le public connaît déjà le monde de Star Wars et la notion de jedi n’est plus très compliquée à expliquer. Bien entendu l’affiche annonce la sortie du nouvel opus, mais il est également là pour appeler les amateurs tout en les rassurant sur ce qu’ils vont voir. Toute la surface est alors utilisée pour mettre en scène les personnages principaux et surtout ceux qui sont les plus attendus par le public.
Nous avons au premier plan le héros, les héros secondaires en second plan, et le méchant maléfique en toile de fond. Ajoutons à cela quelques vaisseaux spatiaux et le tour est joué pour créer une affiche de Star Wars.
Aujourd’hui, place à la suggestion
La communication actuelle autour d’un film est extrêmement dense. Surtout pour les films à gros budgets, il n’est pas étonnant d’avoir une campagne d’affichages accompagnée de bandes-annonces en pré-roll sur tous les supports multimédias.
Cela s’est vu très récemment avec la sortie du dernier James Bond Skyfall pour lequel les écrans vidéo de tout Paris était squattés. L’agent secret au service de Sa Majesté était partout, y compris dans les publicités à la télévision ou à la radio même indirectement pour profiter de cet élan d’intérêt du public.
Il n’est alors pas indispensable de faire des affiches extrêmement denses en information. C’est l’occasion de se concentrer sur la suggestion et le mystère afin d’être différent des autres. L’affiche de The King’s Speech m’avait alors énormément interpellée à l’époque de sa sortie en salles obscures.
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