Je n’aime pas énormément parler de mon travail dans ma vie personnelle. Les soirées où l’on me demande ce que je fais, j’essaie de trouver les mots qui seront à la fois les plus évasifs et les plus précis. Juste assez pour que cela ne suscite pas trop de question, relativement vague pour ne pas avoir besoin de développer plus encore. Ma façon de présenter mon travail dans ces instants de rencontre est entièrement dictée par la grande étendue de flemme qui s’étale de mes sourcils jusqu’à mes orteils. Surtout, ce que je fais ne me paraît vraiment pas fou. Cela se voit lorsque l’on me demande « Ah tu fais quoi dans la vie ? », mais aussi dans les instants professionnels où je dois rendre des comptes. J’essaie de ne pas trop hausser les épaules ou lever les yeux au ciel. Car même quand je vois des résultats pas mauvais, je ne parviens pas à me détacher de cette idée collante : le marketing c’est nul.
Vous savez, cette catégorie de profession non essentielle où l’on ne comprend pas tout à fait pourquoi on serait payés autant, tout en nourrissant les fantasmes de ceux qui nous imaginent comme Jean-Pierre, le mari de Samantha dans Ma sorcière bien aimée. Mais n’est pas Raymond Loewy qui veut. Loin d’une fausse modestie malgré un parcours assez bien, je crois que je me vois avec une lucidité bien trop éclairée pour accepter que ce que je fais soit génial. Peut-être certaines de mes actions ou réalisations sont tout à fait honorables, mais à l’échelle d’une société… honnêtement, qu’en avons-nous à faire du marketing ? De l’éditorial ? Aider des gens à vendre… su-per. (?)
Et pourtant tout récemment, malgré des semaines à mal dormir à cause d’une toux asthmatique, quelques mésaventures et beaucoup trop de fatigue, j’ai repris goût à la prestation. Finalement, je me suis souvenue qu’être prestataire permettait un détachement certes, mais aussi de participer indirectement à plusieurs initiatives où projet que l’on apprécie. Bien sûr, tout ce que je travaille n’est pas toujours bien sexy (aheum la finance, oulala l’énergie). Cependant j’ai tout de même quelques projets qui me mettent du baume au cœur car ils portent des valeurs avec lesquelles je suis alignée. Ces derniers mots me donnent le sentiment de prendre des risques. Imaginez, dans 10 jours sort un communiqué de presse lançant le foudre des réseaux sociaux sur la réputation d’un de mes clients ? Je ne préfère pas l’imaginer. Cela pourrait me briser le cœur.
Par ordre alphabétique, 3 projets qui me font plaisir.
Caran d’Ache
Qu’est-ce que c’est beau ! Avez-vous vu la machine à tailler bleu Klein ? Non mais réellement, c’est splendide. Les crayons sont également produits localement avec du bois de cèdre de 1er choix certifié FSC™. Les pigments sont simplement fous, les packagings me donnent envie de leur donner de l’argent alors qu’ils sont censés être nos clients. Quelle vie !
La Pâtisserie Numérique
Non, ce ne sont pas des NFT.
La Pâtisserie Numérique propose d’introduire dans les cuisines et les laboratoires des professionnels du goût des imprimantes 3D. Difficultés pour recruter, travail pénible, n’oublions pas que les artisans-commerçants, boulangers et pâtissiers, réalisent aussi un travail physique. À côté de ça, les commerces de proximité sont nombreux à devoir acheter leurs pâtes à des prestataires pour finalement servir du « « fait maison » » ne pouvant gérer que la cuisson sur place. Présentée à Vivatech cette année, Patiss3 est une machine qui imprime et cuit. Elle redonne la main aux artisans qui peuvent se concentrer sur les associations de goûts et de couleurs, pour une relocalisation de la production… 100 % maison, donc ! 25 machines sont produites ces années, c’est du Made in France.
YesMyPatent
On ne devrait pas pouvoir se faire voler son innovation, se faire copier. Il n’est vraiment pas rare de se sentir lésé car on n’a pas assez pris les devants, assez en amont, pour définir le périmètre de ce que l’on doit protéger ou pas. Dans nos métiers chez ASSONANCE, ce sont des problématiques auxquelles nous avons nous-mêmes beaucoup réfléchi les enjeux de droits d’auteur de ce que nous produisons pour nos clients. D’ailleurs, YesMyPatent a très bien accompagné nos besoins pour les contrats de cessions (droit d’auteur). Et puis « patent », c’est le brevet. En démocratisant et rendant accessible le conseil en propriété industrielle et propriété intellectuelle, YesMyPatent permet aux petites entreprises, start-ups, indépendant de déposer un brevet ou tout simplement se poser les bonnes questions au sujet des droits d’auteur. C’est important !