Le faux débat de la photographie avec un smartphone

Camera Obscura, source : Museum of Artlepool

Le Salon de la Photo fut une petite déception pour moi. Les conférences données directement sur les stands étaient difficiles à suivre, les 12 Km de personnes venues juste pour faire nettoyer leur capteurs de reflex gratuitement, le restaurant de fruits de mer mystérieux, les expositions de restes de collections qu’on a bien voulu prêter, m’ont surtout donné très mal aux pieds. En revanche je suis partie avec un joli souvenir : un portrait de moi-même pris avec un Polaroid 300.
Son format étonnant laisse perplexe, et lorsque je l’ai empoignée tout en tenant mon smartphone, j’ai réalisé quelque chose qui ne me semble pas si anodin que cela. 

Un rectangle vertical

Le rectangle n’est pas un format si banal que cela. C’est un réflexe sculpté par des années de dessins sur des feuilles A4, de 24*32 Canson pendant les cours d’arts-plastiques, et de format raisin académiques en modèle vivant. Tout est rectangulaire. De l’écran de télévision aux publicités, tout y passe sans jamais y échapper.

Les utilisateurs d’imprimante que nous sommes connaissons les terminologies de format portrait ou paysage. Parfois il beau pictogramme nous permet même de faire la différence au cas où on aurait oublié ce dont il s’agit. Pour vous insulter un peu, je vais m’autoriser à revenir sur la définition de ces formats.

En réalité, c’est plus une histoire de sens que de format. Les proportions sont en effet les mêmes. C’est d’ailleurs une chose fort pratique pour les imprimeurs qui peuvent découper une feuille en plusieurs autres feuilles qui pourront toujours être utilisées dans les machines. Je vous présente la normalisation par l’outil.
Nous les appelons donc fort communément portrait et paysage, l’un rappelant ces splendides photographies de classe, l’autre les photos de vacances avec Tata. Dans un autre temps et dans d’autres lieux, on désigne ces formats sous les appellations à la française et à l’italienne.

à la française -> portrait
à l’italienne -> paysage

Il faut savoir que la France a eu un petit train de retard en ce qui concerne le fait de se bouger pour abandonner le Moyen-Âge. Il faut compter à peu près un siècle de décalage horaire avant que la Renaissance n’arrive d’Italie jusqu’au pays qui abrite aujourd’hui le Château de Versailles. Et car cela ne suffisait pas, François Ier était plutôt fâché contre Charles Quint (ou l’inverse), ce dernier dominait alors l’Est de l’Europe et l’Espagne.
En terme de développement artistique et culturel, cela ne fut pas transparent et les appellations à la française et à l’italienne en sont un des héritages.

Le format des photographies prises avec un smartphone

Les films Polaroid 300 ou Polaroid mini sont rectangulaires, verticaux et très allongés. Il s’agit d’un format quelque peu étonnant lorsqu’on voit la feuille sortir pour la première fois de la fente de l’appareil. C’est la même surprise que celle où on reçoit au restaurant une part de gâteau qu’on imaginait beaucoup plus grande.
Néanmoins cette étonnement ne dure qu’une demi-seconde et on semble très vite s’habituer à ce format. Son seul inconvénient est peut-être sont étroitesse et l’impossibilité de pouvoir tourner l’appareil sans tordre ses doigts, cet appareil est tout de même assez gros.

Puis en collant la photographie Polaroid nouvelle génération contre mon smartphone, j’ai réalisé que les proportions étaient égales. Par homothétie, ma photographie est au même format que mon écran de la même manière qu’une feuille de A5 est la moitié d’une feuille A4. Les faiseurs de cartes de voeux à la main sauront de quoi je parle.

Bon sang, mais bien-sûr !

La photographie mobile n’est que la photographie instantanée numérique

Lorsqu’on parcourt des blogs, des galeries de photographies sur Internet, sa timeline Twitter ou encore son journal Facebook, on reconnaît toujours les photographies prises avec un mobile. Certains ont beau avoir des capteurs puissants ou d’excellentes résolutions, le format reste tout de même celui de l’écran : un rectangle très allongé et souvent vertical.
L’oeil s’habitue à ces images et sans même y réfléchir, on reconnaît tout de suite les photos prises depuis un smartphone.

Ces clichés sont prises sur le vif faute d’avoir mieux sur moi, pour capturer tout de même cet instant qu’on ne veut pas rater. L’image est d’une résolution pitoyable en comparaison avec ce qui se fait maintenant, mais tant pis je m’en contenterai bien.
Alors au faux débat de si on peut faire quand même de la photo avec son smartphone, je lui réponds qu’il faut arrêter de comparer entre eux des objets qui n’ont jamais eu le même usage.

Et c’est plutôt intéressant de la part de Polaroid d’avoir choisi ce format rectangulaire vertical sur ses argentiques instantanés. Parce que pendant ce temps dans le monde numérique, il y a des centaines de gens qui utilisent une application pour recadrer en carré ses photos mobiles et y appliquer un filtre pour leur donner un effet d’instantané esthétique.
Le format carré en photographie est alors très connoté Polaroid maintenant à l’ancienne.

Au passage, ils sont toujours disponibles mais à un prix exorbitant. Il faut compter 400 euro en grande surface pour s’équiper d’un appareil instantané type Polaroid vintage avec des films, contre moins de 100 euro pour les nouveau modèles.

Dans tous les cas, je soupçonne tout cela de n’être que du marketing. Alors pour ceux qui veulent s’amuser mais payer moins cher. Notez tout de même que les Fuji Instax Mini sont exactement identiques au Polaroid 300 et disposent aussi d’une version large paysage. Les films sont également moins chers, seule la marque écrite sur l’appareil change.


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