Night Call ou Night Crawler dans la version originale est un film sortie fin novembre dans les salles de cinéma françaises. Avec une réalisation signée Dan Gilroy, et un trio composé par Jake Gyllenhaal, Renee Russo, et Riz Ahmed, Night Call est annoncé par certains comme étant le retour du cinéma américain de grande qualité avec un petit budget.
Sans grands effets spéciaux ni incrustations 3D sous-traités par l’Industrial Light & Magic, Night Call nous laisse seuls entre les images, l’histoire, et les jeux d’acteur de talent. On ne peut également que saluer la présence de ces acteurs habitués aux box offices américains dans un film où c’est bien l’histoire qui fait tout le spectacle.
Ce film fait partie des films sans vraiment de musique. Tous les détails deviennent importants car le son d’ambiance et ce que nous montre la caméra prennent soudainement de l’ampleur sans avoir besoin d’ornements pour animer le scénario.
Vous y verrez quelques très beaux plans d’ensemble avec un jeu de lumière qui donnent des airs de tableaux de Rembrandt modernes. Ces images très distancées et calmes contrastent avec celles produites par Lou Bloom, le protagoniste.
Lou est un gars quelque peu paumé, avec des difficultés à tisser des liens sociaux très sains. Sa diction et son comportement semblent directement inspirés de manuels de ressources humaines et de management. Il nous fait l’effet d’un jeune étudiant en école de marketing qui aurait un peu trop bien appris sa leçon. Rien n’est naturel chez lui, même pas ce qu’il tourne.
Si en fait tout est vrai. À la demande de Nina, directrice des informations matinales d’une chaîne de télévision locale jouée par Renée Russo, Lou livre des images de plus en plus trash. Il va même jusqu’à faire sa propre télé réalité au sens propre, en prenant des faits réels pour manipuler les images et en faire sa propre histoire. Comme chez Endemol, tout est vrai, mais tout est écrit.
Dans Night Call, on peut voir si on le souhaite une critique des médias, ou une analyse de l’offre et de la demande vers l’escalade du trash. On peut même noter une mise en avant des lignes éditoriales journalistiques faites pour générer de l’audience avec des recettes toutes faites même si cela déforme un peu les faits.
En fait le personnage de Lou est le résultat d’un opportunisme poussé à son extrême et engendré par une rationalisation du monde qui l’entoure.
Le protagoniste est détaché de toute valeur sociale ou morale réelle car il est imbibé jusqu’à la moelle d’optimisation des coûts, de techniques managériales et de négociations commerciales. Tout est transaction pour le bien de sa petite entreprise nouvellement créée de fournisseur d’images.
N’est-ce pas ce qu’on veut nous apprendre à faire au quotidien ?
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.