Lire les grands succès

Quand je ne sais pas quoi lire, mais que j’ai envie de lire, et que je n’ai pas envie de rechercher très longtemps, je m’achète un best-seller. Pour moi qui ai plutôt tendance à choisir mes lectures au flair, opter pour un roman sur table en tête de gondole dans une librairie est plutôt l’option de la dernière chance. Peut-être est-ce une forme de snobisme littéraire. L’idée étant que j’aime découvrir moi-même, j’aime même être déçue. Alors que lorsqu’un livre est déjà très connu et apprécié, j’ai peur de cette surenchère que je pourrais avoir inconsciemment en le lisant.

Finalement, c’est loin d’être du snobisme. C’est plutôt l’idée que je préfère lire sans a priori afin de me laisser porter innocemment par les mots de l’auteur. Pourtant je lis volontiers des romans conseillés, même par des magazines comme ce fut le cas pour Les Enfants de Staline dont la description du Télérama m’avait beaucoup donné envie de me l’approprier.

Le rôle de la couverture

Je me demande tout de même si je ne suis pas une victime du marketing. Un bon titre, une couverture attrayante, jolie ou pas… à quels points ces éléments m’influencent-ils ?
Les conversations avec les responsables Livre de Cultura et la rencontre avec des auteurs comme Jean-Paul Didierlaurent m’ont fait réaliser la dimension vente du livre. Rien de scandaleux dans tout cela, après tout, il faut bien gagner son pain. Et aider un livre qu’on a apprécié par quelques moulinettes marketing ne peut-il pas être un acte vertueux ?

La sélection Rentrée Littéraire de Cultura remplit d’ailleurs ce rôle en valorisant des premiers romans tous les mois de septembre.

Pourtant, bien que j’essaie de me persuader que je n’ai pas acheté Les nuits de laitues pour sa couverture, je ne pourrai pas nier que c’est elle qui a attiré mon oeil. Les éditions Zulma sont d’ailleurs fières de leur esthétique au point d’avoir construit leur site Internet sur la base d’une mosaïque de couvertures muettes. L’internaute ne découvre le titre qu’en survolant l’image de son curseur. Le contenu du livre est-il mis au second plan, seulement ?

Un livre qu’on aimerait est-il nécessairement un succès ?

C’est un peu la question de la diversité culturelle sur le marché du livre. Quand on aime lire, il y a de fortes chances qu’on aime un best-seller si l’on est dans son public cible. C’est simple (punaise je hais Renault maintenant), si un livre a été apprécié par beaucoup de personnes au moins d’être un succès commercial, il y a de fortes chances pour que je l’apprécie aussi. En lisant l’étude “La diversité culturelle dans l’industrie du livre en France (2003-2007)” ((Moreau François, Peltier Stéphanie, « La diversité culturelle dans l’industrie du livre en France (2003-2007). », Culture études 4/2011 (n°4) , p. 1-16 URL : www.cairn.info/revue-culture-etudes-2011-4-page-1.htm. DOI : 10.3917/cule.114.0001.)), je me suis rendu compte de l’immense part que prend un best-seller que le marché. Il semble que malgré la très forte production littéraire, seuls quelques ouvrages et quelques auteurs gagnent une grande part du gâteau.

Bien sûr, nous pouvons citer notre ami Chris Anderson et sa théorie de la longue traîne (long tail) ((Chris Anderson, La Longue Traîne : Quand vendre moins, c’est vendre plus, Poche ed. Flammarion, URL Amazon)) disant qu’il y a certes de grands titres qui se vendent énormément, mais que l’ensemble de ce qui se vend en moindre quantité représente en réalité une part très importante.
Pour faire simple : oui, il y a des grandes stars, mais il y a encore plus de petites stars.

On constate que la part des auteurs qui cumulent 50% des ventes, en romans comme en BD, tend à diminuer.

Heureusement, le marché du livre ne se résume pas aux sorties récentes. On peut continuer à lire des classiques qui ont survécu au temps. N’oublions pas les livres qui sont devenus des succès bien après leur date de publication, parus trop tôt ?


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