Le silence et ses bénéfices.

C’est d’un ennui !

Ne me fais pas dire ce que je n’ai pas dit, je ne m’ennuie pas. Au contraire, je suis même très occupée, et il ne serait pas surprenant que je sois prise d’une soudaine culpabilité d’avoir pris le temps d’écrire ici. Sans regret tout de même. Les dernières journées furent très intenses, très productives. Je sais bien qu’il est impossible pour mon cerveau de tenir un tel rythme trop longtemps.

Reims – Clairmarais – Novembre 2020

Les pauses sont nécessaires. Il ne sert à rien de se forcer à produire encore et encore, sans prendre le temps de se poser. C’est contre-productif, et je suis souvent surprise par mes capacités à abattre beaucoup de travail (rapidement) après une journée moins chargée. Ou du moins, une journée qui n’est pas rythmée par Pomodoro et et des rappels d’agenda Google Calendar.

Ce confinement#2 n’a pas des effets très positifs sur mon mental et mon humeur. Je me soupçonne par moment d’être volontairement très occupée, en apnée, pour que le temps passe plus vite. C’est efficace. Mes journées semblent filer en un clin d’œil. La routine mise en place instaure chez moi une sensation de… rien ? Car en réalité, même si je réalise beaucoup de choses, je me rends compte qu’il ne se passe rien. Voilà l’ennui, le vrai.

La productivité est satisfaisante. J’avance dans les projets, certains plus vite que d’autres (normal), mais ça roule. Il y a quelques semaines ou mois, c’était l’inertie qui m’était compliqué. Le cerveau rouillé et la vue embuée ne m’aidaient pas à voir les choses comme elles sont. Une petite tendance à la dramatisation a fait que j’ai passé des moments peu agréables. C’est toujours le cas, mais différemment. Aujourd’hui, mon rythme est devenu très intense. Je rentre chez moi le soir complètement épuisée, d’avoir produit et réfléchi. Je pense, je conçois, je mets en place, je ressasse, je modifie, je réévalue, je mesure, je recommence. Encore et encore. C’est dans ce contexte que les silences me sont devenus encore plus importants.

J’étais déjà attachée au silence. J’en ai parlé ici au sujet des cafetières manuelles, et c’est sans doute pour cela que j’aime autant le vélo. Rouler en campagne et n’entendre que le son de son dérailleur au changement de vitesse, ou le son du paysage. Sans doute est-ce aussi cela que j’aime le dessin d’après nature, et la photographie argentique. Il y a un rapport à la temporalité, dans la lenteur et la réflexion posée, qui fait contraste avec mes activités qui m’occupent la plus grande partie de la journée (au bureau). C’est une opposition nécessaire à mon équilibre.

C’est simple, si je n’ai pas d’activités créatives, de promenades contemplatives, ou de moments de silence avec les personnes que j’aime, j’étouffe. Et cela se voit aussi dans mon travail, par ailleurs. Lorsque ton métier consiste à penser des contenus – mot intéressant ici – , il te faut du vide.

Le vide, le silence.

Autoportrait en décalage – Novembre 2020

D’une part, j’automatise le plus de choses possibles dans mon travail. Tout ce pour quoi je n’ai pas une valeur ajoutée folle, ou qui est répétitif, pourrait être automatisé. Je ne te dis pas tout à ce sujet, j’aime bien garder un peu de savoir-faire pour moi.
D’autre part, il faut décrocher rapidement. Pour moi qui ai tendance à ressasser, penser, et ruminer, c’est le plus gros défi. Avec le confinement, je trouve que c’est encore plus difficile. Sans réelle sortie ou rencontres sociales, le décrochage du travail prend plus de temps à se mettre en place. Quand tu as rendez-vous pour un café journée ou un verre alcoolisé le soir, la rencontre opère une rupture immédiate avec la réalité professionnelle. Même s’il m’arrive parfois de parler de mon travail, le cadre est totalement différent. J’ai aujourd’hui la chance de pouvoir me rendre dans un bureau fermé et isolé, pour m’éloigner de chez moi (ok c’est vraiment proche de chez moi). Au moins, la partition géographique est là. C’est aussi pour cela que je n’idéalise pas du tout le télétravail. Le télétravail a ses avantages, mais il a aussi beaucoup d’inconvénients.

Voir de nouvelles choses, goûter de nouvelles saveurs, renouveler les discussions, lire des romans différents, feuilleter un magazine, marcher ou rouler en vélo seule, dessiner et étudier les formes. Sur 1 Km de rayon et en 1 heure, c’est aussi un petit défi.

Reims – Clairmarais – Novembre 2020

Le silence, ce n’est pas juste sonore. C’est aussi la stimulation extérieure qui distrait et qui fatigue. Si ce sujet t’intéresse tu peux écouter ce Podcast de Émotions qui évoque justement le silence et les influences sur le cerveau. On y entend entre autres l’interview de Michel Le Van Quyen (neuroscientifique et chercheur à l’Inserm), auteur de Cerveau et silence 1, parler de ce qui se produit dans lorsque l’on est au repos. Alors que l’on s’intéresse depuis longtemps à la productivité et les façons de la pousser, il s’avère que l’on étudia enfin les activités cérébrales pendant un temps de repos. Constat ? C’est nécessaire, c’est bénéfique pour le moral, et c’est bon pour la santé.

Maintenant je file, j’ai ma traditionnelle promenade du samedi midi qui arrive.

Motif de sortie dérogatoire. – Novembre 2020

Les photos de ce billet furent prises avec un appareil Pentax Spotmatic et un film lford XP2.

  1. Cerveau et silence de Michel Le Van Quyen sur Amazon et sur Place des libraires pour un « cliqué retiré » chez ton libraire préféré.

Publié

dans

par

Étiquettes :

Commentaires

Laisser un commentaire