Ce soir, j’allume mon ordinateur pour consulter mes flux RSS… et je tombe là dessus : “Sur Internet, on ne travaille pas” par le blog “Les explorateurs du Web”.
Interloquée, je regarde la vidéo. Les propos sont de Christophe Barbier sur LCI. Ces commentaires sont faits à l’occasion d’un sujet à propos des plaintes des Politiques à propos des buzz/ramdam créés sur Internet à chacun de leur faux pas.
Moi aussi j’ai un commentaire à faire…
Reconstituons les faits
Passez la vidéo à 1:15.
Ce que je pense de tout cela
Car oui, Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs… Je pense !
Citation
En substance :
De la rumeur pure Internet […] c’est une première erreur, Internet c’est un media au sens technique du terme. […] Les media ont souvent le tort de reprendre Internet sans faire leur travail journalistique. […] Il y a une vraie différence entre Internet et les media, ça s’appelle le travail. Sur Internet on ne travaille pas, quand on est un vrai media… on travaille.
La rumeur sur Internet
Internet c’est une masse de gens partout dans le monde qui peuvent communiquer à une vitesse folle, presque instantanément, quelque soit le lieu où ils se trouvent. Il y a des faits, il y a des mensonges, il y a des rumeurs. C’est comme sur le marché.
Si un jour un journaliste passe sur le marché d’une commune de région parisienne et qu’il entend une rumeur qui dit : “Un curé a violé un enfant arabe derrière le stand de saucisson” … Il va tenter d’en faire un sujet.
Sur ce point là, Internet n’est pas immunisé des rumeurs.
Internet est un media au sens technique du terme ?
Cela me rappelle un livre que je lis en ce moment. “Réenchanter le monde, La valeur de l’esprit contre le populisme industriel” de Bernard Stiegler. Bref, cela parle des hypomnemata, les technologies de la mémoire et la communication. Ce terme comprend le papier, l’ordinateur, le tableau noire, le livre, l’iPad…
Internet n’est pas vraiment un hypomnemata, il désigne pour moi plutôt le mode de transmission des données. La toile quoi. Ta machine, indépendamment de la toile est une technologie de la mémoire (disque dur) et de la communication (carte réseau). Internet fait le lien entre tout cela.
Revenons maintenant sur le sens du mot “media” : “Le terme média désigne précisément tout moyen de communication, naturel ou technique, qui permet la transmission d’un message. Couramment, on utilise désormais le terme de média pour décrire les médias de masse (de l’anglais « mass-media ») , soit un moyen de diffusion collectif, permettant de rapidement communiquer à un public vaste et hétérogène. Voici une liste non-exhaustive de média : Le langage, l’écriture, musique, la presse, la radio, la télévision ou encore Internet.” (Wikipedia)
Internet est donc un media, au sens technique du terme. Jusque là, cela se tient.
Reprendre Internet sans travail journalistique
Alors là, cela ne date pas d’Internet. Il y a de nombreux grands media qui se contentent de reprendre les fils de l’AFP ou de Reuters…etc. en se contentant de changer quelques mots à une dépêche pour se donner bonne conscience.
Ce qui est beau avec les agrégateurs c’est qu’on peut s’abonner à des fils et/ou appliquer des filtres. On se crée son fil d’information personnalisé. L’agrégateur va scanner l’Internet et nous envoyer en brut ce qu’il aura trouver. Après tout, un agrégateur est un programme, il raisonne comme une machine, il ne va pas vraiment trier (sauf si on a mis vraiment beaucoup de critères dans les filtres).
Libre à chacun de recouper ou pas
Par contre je suis d’accord sur le fait que les journaliste ont pour devoir de recouper les informations. C’est même réellement essentiel dans leur travail. Mais dire que l’Internet est une cause nouvelle de la pratique du plagiat dans la presse… C’est ne pas voir plus loin que le bout de son nez.
Passons au sujet qui fâche
Comment ça sur Internet on ne travaille pas ?
Bon, les propos de Christophe Barbier sont un peu ambigus. Je pense que nous pouvons comprendre plusieurs choses :
– Internet en tant que masse de flux d’informations n’est pas un organe de presse car il n’y a pas d’humain qui trie et recoupe les informations pour en retirer quelque chose de claire;
Ou
– Les personnes qui travaillent dans le secteur de l’Internet ne sont pas fiables et ne font rien de leurs journées.
Ce qui est tout de même relativement vexant pour les media pure player. N’est-ce pas ?
Ils vont être contents PCINpact, Bakchich, Rue89, Mediapart, et autres Slate…
Monsieur Barbier a confondu le fond et la forme. Ce n’est pas parce que c’est sur Internet que ce n’est pas fiable, et ce n’est pas parce que c’est écrit sur un papier imprimé à quelques milliers d’exemplaires que c’est fiable. Le mode de publication ne change rien à la qualité (ou la non qualité) d’un papier.
Par contre, j’admets que si on se contente uniquement des contenus en brut de Twitter et Facebook, on ne fait pas très bien son boulot de journaliste. Néanmoins ces media, au sens technique comme il dit, demeure des sources d’informations extrêmement rapides et réactifs. Il ne faut pas les mettre de côté.
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