L’exposition intitulée L’art du contour, le dessin dans l’Egypte Ancienne présente du 19 avril au 22 juillet 2013 est d’un très grand intérêt pour toute personne qui pratique le dessin ou le graphisme. Voilà un titre bien choisi et qui a immédiatement suscité mon intérêt. Le contour, c’est vraiment toute une histoire lorsqu’on aborde le dessin.
L’art peut-il autoriser l’homogénéité ?
L’exposition veut montrer tant le travail des personnes qui ont produits les fresques, les peintures, sont des artistes au sens contemporain du terme.
Cela s’explique sans doute par la difficulté des égyptologues et des historiens d’art occidentaux à reconnaître le statut d’artiste aux créateurs de cette production plus de trois fois millénaire, admirée de tous, mais rarement identifiée comme étant l’oeuvre d’une main reconnue.
Seulement le statut d’artiste implique une la notion d’auteur et la spécificité de son trait par rapport à celui des autres. Sans doute les producteurs eux-mêmes se voyaient plutôt comme des artisans au service d’un maître de chantier. Certes tout cela nécessite une maîtrise et une dextérité hors du commun, mais peut-on dire qu’il y a une notion d’auteur une énième reproduction du même motif à l’identique par mise au carreaux pour une stèle. Où se trouve la spécificité ? Cette exposition a manqué de cela, de montrer et découvrir les traits personnels, et éventuellement les auteurs identifiés. Quid des architectes de l’Égypte ancienne ?
L’exposition mérite d’être vue pour les très belles pièces exposées, la précision des traits, la technique. Je suis un peu déçue de devoir seulement me dire “c’est magnifique, oui ce sont des artistes”.
Le contour et la relation au trait, une définition du réel
Étrangement, la pratique du dessin commence toujours par prendre un crayon de bois et une feuille pour ensuite étaler des couches de carbone en ligne sur le support. La mine est plus ou moins friable, plus ou moins tendre, et même si on dispose d’un crayon très gras il y a toujours ce rapport au trait qui demeure très fort.
Pourtant le trait n’a jamais été une obligation et le contour l’est encore moins. Contourer, entourer, permet de délimiter un espace et de le définir avec précision. Tandis qu’il est possible de choisir de ne pas contourer certaines parties d’un sujet, on peut également très bien poser des lignes fixes pour ne pas laisser le choix de l’interprétation. En effet, donner des choses floues ou des zones non délimitées dans une image permet aussi de laisser au cerveau reconstituer lui-même ce qui devrait être là pour reconnaître le sujet.
Quelque part, n’oublions pas que l’art de l’Égypte ancienne telle que nous la connaissons aujourd’hui est un art sacré et aussi un peu mystique et que nous sommes dans une société aux codes bien définies. Le pharaon est un dieu et il est hors de question de douter de ce fait. Il paraît en ce cas naturel de retrouver dans cet art une vision du monde qui ne permet aucune interprétation.
Exposition L’art du contour, le dessin dans l’Égypte ancienne
Du 19 avril au 22 juillet 2013, Aile Richelieu, Musée du Louvre
> Site de l’exposition
> Galerie photo de l’exposition sur la page Facebook du Musée
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