La Servante écarlate, de Margaret Atwood

J’ai toujours eu du mal à lire les livres un peu à la mode, et surtout ceux qui ont eu une adaptation récente dans le monde de la télé ou du cinéma. Pourtant, La servante écarlate de Margaret Atwood ne pouvait pas passer inaperçu pour moi dans la librairie. Je le relègue alors plutôt aux références qu’il faut avoir réellement lu pour en comprendre le sens, pour ne pas déformer trop l’idée générale de l’ouvrage, déjà éparpillé dans le monde et sur les réseaux sociaux. Je connaissais alors vaguement l’idée du livre, celui d’une femme, comme beaucoup d’autres, qui devient une servante où son rôle est d’enfanter pour un couple stérile qui détient le pouvoir, à la façon d’Agar, la servante de Sarah et Abraham dans la Bible.

La lecture de La servante écarlate ou The Handmaid’s Tale dans la version originale m’a rappelée celle de 1984. Au fur et à mesure des pages, j’ai ressenti que l’idée que je m’en faisais n’était pas la bonne. Je ne savais que ce qu’on ne m’en avait dit, ce que j’en avais lu ailleurs, avec des citations choisie et des passages qui devaient être représentatifs. Bien sûr, La servante écarlate est un très bon livre, et c’est justement pour cette raison que son contenu n’est sans doute pas aussi manichéen que l’idée qui en véhicule.

L’utilisation mythologique pour la justification d’un régime

Dans la Bible, Abraham et Sarah n’arrivent pas à avoir d’enfants. Sarah devant la tristesse de son mari lui présente alors Agar, sa servante, afin qu’elle enfante pour eux. Agar en tant que possession de Abraham et Sarah, accouche d’un enfant qui appartient alors à ses maîtres.

Les régimes politiques, qu’ils soient répressifs ou non, ont toujours pris pour référence de grandes histoires plus grandes qu’eux afin de justifier leurs actions. Aspirer à plus grand que soi, mieux, dire à la population que l’on sera ainsi. Certains disent que le nom de Paris vient de Pâris, le prince troyen qui enleva Hélène. Louis XIV était représenté sans modestie tel Hercule dans une allégorie divine. Le régime du IIIe Reich reprenait le symbole de l’Empire Romain. Donald Trump parle d’une idée fantasmée des États-Unis avec “Make America Great Again”. Et dans La servante écarlate, le régime de Gilead avait pris pour référence la Bible. Mais ce qu’il ne dit pas, c’est que dans l’histoire entre Abraham et Sarah, Agar se rebelle contre Sarah et leurs relations ne sont pas aussi symbiotiques qu’on ne le voudrait alors.

Chacun son rôle, les femmes les premières

La société gileadienne n’a pas toujours été ainsi. Elle est en fait née d’une succession de petites catastrophes qui ont poussé le régime ainsi que ceux qui l’ont voté à des mesures spéciales. Aux grands maux, les grands remèdes. Et la fin justifie les moyens. C’est ainsi que les femmes se sont vues retirer leurs droits au travail, au compte en banque, à l’indépendance financière et sociale, du jour au lendemain. Elles sont dans le roman les premières victimes d’un système beaucoup plus vaste. En effet, aux hommes aussi on attribue des rôles. Chaque individu est finalement relégué à sa fonction dans la société, et perd son individualité. Les dirigeants trouvent cela alors, sans aucun doute sincèrement, mieux pour tous. C’est le bien de la communauté qui compte, et les dérives même cruelles de cette façon de faire sont justifiées par des aspirations plus grandes que nous, que nous ne pouvons pas vraiment comprendre. Les grands du monde continuent à avoir des droits “comme avant”, mais ce sont comme des privilèges, des petits écarts que l’on s’autorise mais cela ne compte pas vraiment puisqu’on sait que ce n’est pas bien.

3 raisons de lire The Handmaid’s Tale

  1. C’est une référence populaire et culturelle à ne pas manquer.
  2. Pour connaître la vraie histoire, les vraies références, et ne pas se faire avoir par des vidéos raccourcies et des citations tronquées dans des images qui circulent sur Facebook.
  3. Parce que c’est réellement un roman agréable à lire, prenant, où la voix du personnage principal nous captive.

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