Je suis actuellement en quête de remise en ordre de ma culture littéraire. C’est fou le nombre de références qu’il peut nous manquer dans une vie, même si on fait partie des personnes qui aiment la lecture. J’ai eu une période où je lisais beaucoup de science-fiction, et un peu de fantastique ou de la fantasy. Pourtant je n’ai jamais touché un Trône de Fer, pour préférer Dan Simmons. J’ai lu tellement de Dan Simmons à une période que j’avais l’impression de devoir faire un grand effort mental pour m’habituer à une autre écriture. Aujourd’hui, je m’attache à lire de tout, parce que c’est important de s’ouvrir l’esprit vers ce que l’on ne connait pas, et que cela me fait du bien de rompre la monotonie. C’est important aussi pour mon travail, car lire des choses différentes m’aide à varier mon vocabulaire. Car lorsque l’on se reconnait trop dans ses écrits, cela en devient presque gênant.
Denier du rêve, par Marguerite Yourcenar
J’ai lu la version définitive et réécrite du Denier du rêve. Le roman a initialement été publié en 1934, à l’aube des dictatures qui ont marqué l’Europe. En ce sens, Denier du rêve était peut-être presque un roman d’anticipation à son époque. Je vous invite d’ailleurs à lire attentivement la préface de l’édition que l’on trouve aujourd’hui, car cela nous éclaire sur la nature du roman sans pour autant donner des éléments qui en gâcheraient son parcours.
L’histoire se déroule en Italie en l’an XI d’une dictature. Elle commence presque comme un récit de fait divers ou une discussion de bistrot lorsque se murmurent les dernières nouvelles des habitants du quartier. Un portrait de personnage est fait, presque insolite, puis nous passons à un autre personnage grâce à une pièce de 10 lires italiennes. Symboliquement, l’histoire avance avec cette pièce qui est transmise tour à tour. C’est elle, le denier du rêve. Car dans chacun des portraits nous évoquons le présent, le passé, et les espoirs. Un personnage pour lequel nous étions totalement indifférents auparavant, en le remarquant à peine comme un passant dans la rue, se dévoile alors dans son intimité. C’est ainsi que nous découvrons les tourments et les espérances qui font le contexte d’un attentat contre le dirigeant de la dictature, celui que l’on ne nomme pas.
J’ai trouvé le Denier du rêve à la fois touchant, symbolique, et important. Cela m’a rappelé 1984 de G. Orwell car on reconnaît, même lorsque certains personnages ne voient pas vraiment la gravité de la situation, les indices d’une dictature et d’un contrôle des pensées. Certains semblent avoir une vigilance plus forte que d’autres, tandis que ces autres trouvent qu’il n’y a pas forcément de quoi en faire un drame et que la situation est probablement mieux ainsi.
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