Ce matin, Yoann Poiron partagea sur un de ses profils sociaux la Une de L’Équipe. Elle montre Lionel Messi, joueur vedette du FC Barcelone durant un match. On ne sait quel match, on ne sait quand, mais la composition de cette Une par une des meilleures ventes de Quotidien en France est exemplaire.
Alors je suis allée la chercher, cette Une. Je me suis dirirgée ce matin vers mon kiosque à journaux préféré, et j’ai donné 1,10 euro de ma poche pour observer de plus près la première page de L’Équipe.
La photographie que L’Équipe met en Une, c’est sans doute une photographie pas si récente. Peut-être pas le dernier match, mais peut-être même pas un match de ces derniers mois. Il montre Lionel Messi appuyé sur ses genoux l’air épuisé. Nous le voyons de face ce qui cache au final son visage et place le nom écrit à l’arrière de son maillot à l’envers. La situation s’est renversée, la star argentine en fait trop.
Ce qu’on reproche à Messi ? De jouer trop, L’Équipe rapporte que le nombre de matchs joué a sans cesse augmenté pour un total de 6 blessures depuis 2008. C’est beaucoup trop, les blessures s’enchaînent et les baisses de performance avec. En bref, forcer la dose n’est ni bon pour le joueur ni bon pour les équipes dans lesquelles il joue.
La photographie est superbe, placée en pleine page, le sujet ne peut pas prêter à confusion. On parle de Messi, rien que de Messi, et on parle de sa chute. L’Équipe confirme en consacrant une double-page entièrement dédiée au parcours du joueur et aux moments décisifs de sa carrière. Le seul moment où on revient ainsi sur la carrière d’un sportif, c’est pour la fin de sa carrière, pendant sa retraite et pour sa nécrologie.
Autant dire que L’Équipe n’est absolument pas optimiste. C’est un parti pris assumé éditorial de mettre en avant une figure du football international. On mise les ventes de la journée sur la seule personne de Lionel Messi, celui sur qui on est pourtant prêt à parier qu’il ne fera plus une aussi bonne saison qu’il a pu le faire.
Saluons au passage le travail typographique sur cette Une.
Ici le texte est sur la photographie et non pas détachée dans une zone de texte annexe. Sur la photo ai-je dit ? Non, il est même dans la photo. L’Équipe titre Il en fait trop en lettres capitales. Nous n’avons pas besoin de connaître le nom du joueur. Les couleurs du maillot nous suffisent, les amateurs de football (sport qui prend beaucoup de place dans le Quotidien) n’ont pas besoin de savoir de qui on parle. Les lettres M.E.S.S.I se retrouvent à l’envers, comme si finalement Messi n’était plus le messie du paysage footballistique.
Et pour préciser le titre, comme dans l’objectif d’annoncer le dossier qui suit, quelques lignes sont mises entre les deux parties du titre pour nous donner envie de tourner la page.
Le mot “trop”, encore une fois en lettres capitales et écrit beaucoup plus grand est coupé par la courbure du dos de Lionel Messi. Il met à la fois en avant la posture de Messi, nos yeux sont arrêtés sur le TROP et sur la posture du joueur. Ces deux idées se lient pour nous convaincre encore plus du fait que la star argentine devrait se poser des questions. C’est aussi un message pour Messi, placé derrière lui comme les supporters sont derrière des joueurs.
Trop c’est trop, le public, la presse, tout le monde te le dit Messi, on est derrière toi, arrête-toi.
Une du 26 Novembre 2013 de L’Équipe.
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