15 minutes, c’est le temps que représente le trajet entre la gare de Brighton et The Brighton Center où se déroule deux fois par an le grand et immense congrès intitulé Brighton SEO. Je pense que cette phrase est relativement claire en ce qui concerne le lieu principalement évoqué dans ce billet. Je suis restée durant ce court séjour dans un périmètre relativement restreint, venu là pour le travail et n’ayant pas le loisir de déambuler à ma guise. Surtout avec une intoxication alimentaire que j’ai ramenée de Paris. Mais si vous cherchez des médicaments en Grande-Bretagne pour soigner vos maux gastriques, vous pouvez me demander, je sais dorénavant quoi prendre et où en trouver (chez Boots).
Voilà un voyage compliqué pour beaucoup de raisons, mais que je ne regrette tout de même pas d’avoir réalisé. C’est un moment où je me suis réconciliée (un peu) avec mon appareil photo. J’ai retrouvé ce flow un peu curieux, un état presque méditatif, durant lequel j’apprécie juste le fait de marcher et de trouver des choses intéressantes à défaut d’être jolies. D’ailleurs, c’est quand même drôle cette façon que le cerveau a de voir dans un cadre. Avez-vous remarqué que votre oeil ne pouvait faire une mise au point que sur une zone précise de votre environnement ? Le dessin ou la photo, ont cette capacité de nous montrer une vision que l’on ne peut pas avoir avec l’œil humain. C’est un cadre que l’on crée et qui révèle d’autres choses. Sans doute est-ce pour cela que l’on peut être aussi sensible à la composition de certaines images. C’est du moins mon cas. Surtout, remarquez que c’est souvent dans ce que l’on ne montre pas, dans le hors champs, ou le hors cadre, que se déroulent les faits les plus croustillants.
Ce trajet à Brighton fait partie d’un vaste plan pour élargir notre portefeuille client et viser notamment les territoires hors de France. La dernière crise – toujours en cours – m’a apprise que ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier fait partie des expressions les plus facilement applicables dans le business. Et peut-être est-ce aussi une des plus efficaces pour tenir sur la longueur. Nous avons fêté il y a peu les 7 ans de la boîte, parce que malgré la récession, il fallait bien fêter ça. Au bout de 7 années d’entrepreneuriat à plein temps, je dois dire que je suis fatiguée et surtout je me rends compte que cela ne se termine jamais. En fait, ce n’est pas l’entrepreneuriat qui me fatigue, j’aime bien ça, c’est plutôt ce sentiment un peu usant de toujours faire 4 pas en avant et 3 pas en arrière. C’est notre lot à tous. Laissez-moi dire que je suis fatiguée lorsque je le suis. Ignorer son état et faire la sourde oreille, c’est sans aucun doute la solution la plus expéditive pour faire des bêtises.
Alors des bêtises, j’en ai faites et je le regrette d’autant plus que je l’ai vu venir à 12 kilomètres (et demi). Vous connaissez cette histoire du verre de trop en soirée ? Celui qui fait basculer dans un état d’ivresse où l’on devient relativement désagréable et qui nous met en difficulté ? C’est ce qui est arrivé de mon côté pour l’activité de trop. Le déplacement de trop. Le bruit de trop. La contrariété de trop. Le changement de planning de trop. Le changement de vie de trop. Imaginez un mur de briques, où chaque élément se posent sur vous pour vous appesantir. Quand on se repose, on reprend de la force et on peut casser le mur pour marcher de nouveau. Dans mon cas, j’ai appris (et compris) assez récemment que mes briques étaient plus lourdes que pour la majorité de la population. Cela s’appelle être dans le spectre de l’autisme. Cette nouvelle ne change pas grand chose à ma vie, outre le fait de m’offrir des outils de compréhension me permettant d’acquérir plus de confort et de confiance pour aménager mon quotidien. Contrairement à la plupart des témoignages que je lis, entends et écoute, j’ai relativement mal pris cette information comme une validation de mon invalidité. Mais vivre dans l’illusion que l’on peut courir aussi vite alors que nos jambes sont toutes petites, c’est plus dangereux qu’autre chose. Surtout quand le fait que l’on court moins vite fait que l’on est rattrapés par des maux compliqués à gérer. Cependant, je dois dire que cette différence de plus m’a ennuyée. Oui cela a a toujours été là. C’est plutôt la prise de conscience qui m’a contrariée et je dois dire que je n’ai toujours pas digéré. Cela a même sans doute accentué la sourde colère que je ressens quotidiennement face au constat que l’on vit dans une société pas toujours solidaire, ou qui pense aux difficultés de personnes, pas si rares.
Dans ce tumulte, j’apprends aussi tout ce qui recharge mes batteries. Je découvre ces gestes que je faisais inconsciemment, ces routines qui se sont mises en place sans que j’y pense. Même si je ne vais pas chercher à les cultiver, j’essaie dorénavant de les laisser aller lorsque cela m’est possible. Certains de ces gestes sont absolument inoffensifs et ne dérange sans doute que la convenance la plus tatillonne. Alors pourquoi pas ?
J’en ai déjà parlé de nombreuses fois. Marcher, errer ? Me déplacer accompagnée ou pas et laisser défiler les pensées et le regard sur ce qu’il se passe autour. Cela a tendance à me calmer et je reviens même souvent avec de nouvelles idées. Une nouvelle énergie saupoudrée d’un soupçon d’enthousiasme qui fait la différence dans les journées qui passent. Lorsque j’étais à Brighton – l’attrait de la nouveauté sans doute – j’ai retrouvé cette envie de noter ce qui me paraissait plus ou moins insolite. Noter par écrit ou par image. Et si cela ne vous embête pas, je vais continuer de noter des choses sur ce blog.
Ces photos ont été prises avec un appareil argentique : un Pentax Spotmatic SPII avec un film couleur Cinestill 800t.