Régulièrement à travers l’Île-de-France se tiennent des petits salons de la carte postale. C’est souvent l’occasion d’une exposition et de faire de belles trouvailles. Je ne suis personnellement pas collectionneuse de cartes postales, mais j’aime les traces du passé, celles qui témoignent d’une autre époque.
Or, quoi de plus passé que les colonies ?
Ma trouvaille du jour est une carte postale éditée dans les années 1931 à l’occasion de l’exposition coloniale qui a eu lieu du 6 mai au 15 novembre 1931 à la Porte Dorée (Paris). C’était un grand événement qui a accueilli près de 8 millions de visiteurs avec la promesse de faire un tour du monde en une seule journée.
Une espèce de France miniature mais en prenant en compte toutes les colonies et les protectorats français.
L’exposition était par ailleurs assez spectaculaire puisqu’on pouvait y voir de réelles reconstitutions d’habitations et des lieux typiques. Je pense notamment à la reproduction du temple principal d’Angkor Wat. À côté de ça, Eurodisney est une maquette.
Le lieu existe toujours. D’ailleurs le “palais du congo” sert maintenant de bâtiment principal à la Pagode de Vincennes qui est un temple bouddhique abritant la plus grande statue de Bouddha d’Europe ainsi que le temple tibétain de Paris. C’est un lieu où se rassemble régulièrement la communauté asiatique en France, dont la communauté cambodgienne qui fut jusqu’en 1953 un protectorat français.
Revenons à nos moutons
Ma fouille à travers des dizaines de casiers de cartes postales m’a fait trouver plusieurs pièces intéressantes. J’ai fini par n’en choisir qu’une seule d’entre elles pour plusieurs raisons.
La carte postale que vous pouvez voir est, à mon humble avis, un document très intéressant. Il a été édité pour l’exposition coloniale, a été acheté par un des visiteurs, et a été envoyé pendant l’exposition même à la famille dudit visiteur.
Chers Parents,
Contrairement à ce que vous le pensez nous ne sommes pas trop fatigués et jusqu’à présent tout va bien. Nous rentrerons comme convenu demain soir, sans avoir avoir visité complètement toute l’exposition, pour tout voir il faudrait au moins une bonne huitaine. En attendant demain soir nous vous embrassons tous les deux de tout coeur.
En voilà une carte mignonne pour rassurer ses parents ! Ils ne sont pas trop fatigués mais admettent que l’exposition coloniale est énorme et demande beaucoup de temps pour la visiter. Il semblerait tout de même qu’ils aient apprécié la partie réservée au Cambodge.
” Habitation indigène (Cambodge) “
Le terme indigène m’a un peu faire rire. Cela donne une dimension tellement exotique. Mais cela se rapporte aussi à la vision coloniale des années 1930 où la colonie et ses habitants étaient inférieures et méritent de recevoir la civilisation occidentale. Ce n’est pas du racisme, c’est une conviction.
Indigène est un adjectif indiquant que des personnes, des coutumes ou des formes d’art sont nées dans le pays considéré (étymologie: du latin indigena, de indu forme renforcée archaïque de in “dans”, et -gena “né de”, de genere “engendrer”) […] Wikipedia
D’ailleurs, il est intéressant de signaler que ce genre d’habitation est toujours assez courante au Cambodge en 2011. C’est un système efficace et éprouvé. Comme vous le savez, il fait très chaud au Cambodge et on n’a pour le moment rien trouvé de mieux que de faire des maisons en bois en hauteur avec des planches légèrement espacées. Cela permet une aération optimale tout en protégeant des intempéries et du soleil.
Bon, maintenant il y a aussi la clim. Mais ça demande beaucoup plus de moyen, et au moins l’habitation en bois protège-t-elle le terrain du béton occidental.
Je pose donc je suis
Si on regarde d’assez près, on voit des personnes en train de poser depuis les maisons. C’est assez caractéristique de la carte postale de cette époque. En effet, quelque soit le pays ou le contexte, la carte postale d’avant les années 50 est une carte postale documentaire. Elle est quelque peu héritière de la vision documentaire des débuts de la photographies.
La photographie est là pour attester. Alors on fait poser les gens devant leur habitation. C’est pourquoi sur les cartes postales occidentales on voit souvent des particuliers. Cela permettait également d’avoir une photographie de soi et de l’envoyer avec une flèche “je suis là !”.
Alors quand un photographe venait prendre un cliché de ta ville, tu n’hésitais pas venir faire la pose devant la fontaine.
Maintenant, avec la carte postale touristique, il est presque impensable d’y voir des particuliers. Et ne parlons même pas du droit sur l’image.
Une histoire de timbre
Le timbre et le tampon nous permettent d’attester que la carte a bien été envoyée en 1931. Cependant on voit écrit également en haut de la carte “Le 25-9-31”. Mais je trouve cela curieux car l’encre n’est pas de la même couleur et l’écriture semble également différente… méfiance !
J’en profite pour vous montrer quelques autres timbres de l’exposition coloniale que j’ai pu acquérir par le passé.
Vous voyez tous les messages que peut nous envoyer un document du passé ? Et encore, je n’ai parlé que de ce que je connais ! Ne sous-estimez donc pas ce que vous trouverez dans une boîte perdue dans votre grenier. :-)
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