C’est un fantasme d’enfant, celui où on est une personne spéciale que quelqu’un attend et que ce quelqu’un viendra nous chercher pour nous emmener loin. C’est l’histoire de Wendy qui rencontre Peter Pan pour partir vers le Pays imaginaire, mais c’est aussi celle d’Alice pour qui croiser un lapin avec une montre à gousset va tout changer.
Il y a de ces rencontres qui sont fascinantes au point d’en être presque malsaines si elles ne le deviennent pas naturellement. On se risque à la folie et au danger pour cette rencontre, car elle a quelque chose de fantastique qu’on n’ose nommer. C’est terriblement mauvais pour le coeur et pour les nerfs, mais c’est irresistible. Mais comme toute chose plus ou moins intense, cela a une fin et il faut s’y faire. Pourtant, j’attends toujours qu’on m’emmène au Pays imaginaire.
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Je me suis placée derrière une vitre pour attendre. C’est un rituel. Je ne jamais trop su ce que j’attendais mais quelque chose me dit que c’est le meilleur endroit pour le voir arriver. Ne pouvant me contenter de l’attendre gentiment à l’intérieur, je me place toujours près d’une vitre en espérant pouvoir l’apercevoir plus loin et me préparer à son entrée. Bien-sûr, lorsqu’il entrera, je feinterai de n’avoir rien vu. Lui, c’est cet élément qui changera la journée ou bien le cours de la vie. Placée derrière ma vitre, celle d’un café fréquenté, celle d’un bistrot de quartier, ou encore celle d’un salon de thé, je regarde le monde derrière une vitre et j’attends.
Lors de ces moments, il ne se passe souvent pas grand chose ou même rien du tout. Je sais très bien que personne ne viendra, et je sais pertinemment que personne ne me parlera. Assise sur mon fauteuil et le regard tourné vers la vitre, je me ferme machinalement au reste de la salle en prenant soin d’exhiber un carnet ou un livre pour signifier que je suis occupée.
Mes sens sont pourtant en éveil. Je guette une odeur qui pourrait m’être familière, ou une silhouette que je reconnaîtrais sans aucune hésitation. Mon ouïe cherche une voix à laquelle je pourrais répondre et mettre fin à ce moment de solitude pourtant si curatif. Mais c’est évident et je le sais par avance, il ne se passera rien.
Je continuerai à aller là, derrière cette vitre pour attendre, et mimer de n’être qu’une personne regardant les gens passer. J’y passerai une heure, deux heures, c’est comme un rendez-vous imaginaire avec un quelqu’un qui ne viendra jamais. Et comme à chaque fois, je partirai avec un sentiment où se mêle frustration et satisfaction. C’est tout de même agréable d’être seule.
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