J’ai cette semaine fait une tentative de visite de l’exposition Diane Arbus à la Galerie Nationale du Jeu de Paume. Échec total, j’aurais du réserver. En compensation, parlons un peu du livre Diane Arbus, Une Chronologie qui a été réédité à l’occasion de cette rétrospective. Pendant que vous lisez, je vais tenter d’acheter des billets d’entrée.
Tout d’abord, c’est un bien joli livre
Et c’est important. Dans ma lutte pour le beau livre et la promotion des belles éditions, moi, possesseur d’un Kindle, je dis que c’est important qu’un livre soit beau. Mesdames et Messieurs de l’édition, ne vous laissez pas abattre par la numérisation et la dématérialisation des textes, vous avez d’autres cartes en main que l’e-ink ne remplacera jamais.
Diane Arbus, Une Chronologie est une biographie de la photographe où se mêle présentation de l’auteur et morceaux autobiographiques. Ces derniers sont des extraits sélectionnés de la correspondance et des nombreux écrits qu’a pu produire Diane Arbus tout au long de sa vie. Au passage, c’est une biographie tout à fait bien documenté que je conseille à toute personne qui souhaite mieux connaître le contexte de création de la photographe. Elle a été écrite par Elisabeth Sussman et Doon Arbus (fille de Diane Arbus).
Il s’agit d’un mode d’écriture tout à fait agréable car il permet une mise en contexte suivie des paroles de Diane Arbus. J’ai ainsi l’impression d’être présentée à elle. J’aime ouvrir une page au hasard et m’imaginer le narrateur qui me présente à Diane Arbus lors d’un vernissage d’exposition.
“Je te présente Diane, elle est l’auteur de ces photographies que tu admires tant,
– Bonsoir Diane, je suis ravie de vous rencontrer enfin, aurais-je dit timidement
– Oh, Uty ! m’aurait-elle répondu. Justement, j’avais une histoire à vous raconter…”
Je me sens paranoïaque et assiégée […]. C’est dû en partie aux fchus honneurs et aux gens qui veulent me voir et me montrer des photos exactement semblables aux miennes et aux musées qui veulent des tirages pour rien (j’ai reçu une lettre de la Bibliothèque nationale de France qui me demande vingt tirages). Tout cela veut dire que je ne peux pas photographier. Et la plus grande partie de ce que j’ai fait est tellement raté […]. Je hais le monde de la photographie et des photographes. Tout le monde adopte le Roilley et le Portiga [le papier photographique qu’elle utilise] et tire ses photos avec des bordures noires.
Lettre à Allan Arbus, mi-juin 1969
Et là, elle me montre la lettre qu’elle a reçu de la BNF …extrait d’une lettre de Jean-Claude Lemagny, BNF, 31 mai 1969
Chère madame Arbus. En tant que conservateur au Cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale de France, chargé des photographies de collection, j’ai pour mission d’enruchir cette collection. […] Malheureusement… nous ne pouvons pas acheter les tirages à leur prix réél. Je dois donc compter sur votre générosité et vous demander si vous pourriez nous vendre des tirages à bon prix […].
J’envie Docteur Who, il pourrait le faire pour de vrai, lui.
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