Plot twist, comme disent certains potes outre-Manche, je me suis mise à écrire de la fiction. J’en suis la première surprise. Ces derniers temps, j’ai surtout été prise d’une boulimie de lecture relativement intensive. Je lis plusieurs ouvrages par semaine, à la suite ou simultanément, auxquels on ajoute des lectures d’articles en ligne ou dans leurs versions numériques mises à disposition par les organes de presse. Il y a un sujet qui trotte dans mon cerveau depuis toujours, et parmi mes résolutions de 2023, j’ai décidé de cultiver mes centres d’intérêts et laisser aller mon cerveau vers les voies qui l’intéressent. C’est très satisfaisant, cela me donne de l’énergie et j’ai littéralement le sentiment d’être nourrie. Alors comme d’habitude, et encore plus, je continue de prendre des notes. J’annote et je retranscris des choses qui m’intéressent. Parfois je les commente. D’autres fois je conclus des choses, ou cela amène de nouvelles réflexions, de nouvelles questions en croisant les idées. Aussi parce que je lis des genre et styles relativement différents les uns des autres. C’est le résultat aussi d’un esprit éparpillé qui a tendance à trouver la moindre chose curieuse. Pourvu que ce soit rigolo, cela peut m’intéresser.
Parmi ces réflexions, naissent des situations et des micro-histoires. Que se passerait-il si… ? Finalement, tout cela se mue en morceaux de ce qui pourrait entrer dans le genre de l’anticipation. J’ai donc respecté ma résolution 2023 en rédigeant lorsque l’envie m’en prenait ces scénarios nouveaux qui pourraient arriver en fonction des hypothèses que j’imagine. Enfin, j’imagine, c’est peu fidèle à ce qui se passe en réalité. J’ai la sensation de ne pas être réellement capable d’imagination. En me surprenant à rédiger ce qui se rapprocherait plus de la fiction, j’ai réalisé qu’une accroche à la réalité est très tenace. Ces éléments ne sont que des déductions et suppositions qui naissent au fil de mes lectures, de mes visites d’expositions, de mes rencontres, et de mes oreilles parfois un peu trop baladeuses lorsque je bois des cafés de spécialité onéreux. C’est une situation plutôt fréquente, je l’avoue.
Comme je suis moi, évidemment, cela se matérialise en plusieurs projets simultanés. Certaines idées sont beaucoup trop différentes les unes des autres pour être contenus, pour moi, dans un seul réceptacle. Il y a donc dans mon cerveau une nouvelle, un roman et un essai qui se promènent. Heureusement, j’ai investi dans du papier et dans un outil incroyable appelé « logiciel de traitement de texte » (Scrivener) pour m’aider à ne pas perdre le fil dans tout cela.
Surtout, j’ai écrit de la fiction, vous vous rendez compte ? Cela n’était pas arrivé depuis 2007 ou 2008. C’était une nouvelle. Et là c’est revenu sans que je ne demande rien. Les sensations déclenchées sont bien étranges. C’est comme avoir faim ou soif. Et finalement le fait d’écrire les choses m’aident aussi à les traiter pour ne pas me sentir (trop) envahie par les tourbillons d’idées qui peuvent créer très facilement, chez moi du moins, une cacophonie insupportable. Quand cette cacophonie arrive, elle me rend véridiquement malade et j’essaie au maximum d’éviter ce genre de situations. Malheureusement, cela finit parfois par devenir inévitable. Justement le fait de me concentrer sur des choses qui me soutiennent et m’aident à ranger mes pensées fait partie des meilleures thérapies que je connaisse.
Maintenant, la question est… est-ce intéressant ?
C’est bien une question que je ne me pose jamais avant de rédiger un billet pour ce blog. Peu importe la taille du public, je suppose que ce que j’écris trouvera tout de même le sien. Pour le reste, c’est une routine qui me plaît et qui me fait du bien. J’y vois une utilité pour moi-même. Et si cela demeure à jamais uniquement le journal de mes pensées et de ce que mon encéphale produit par succession de signaux électriques, c’est déjà une victoire.