Si vous fréquentez une grande surface culturelle un peu connu qu’on appelle FNAC, vous êtes certainement tombé sur ces fameuses toiles numériques. Je m’étais à l’époque intéressées à ces dernières pour les magnifiques illustrations réalisées pour Assassin’s Creed. À part peut-être pour Civilization, je ne suis pas une grande joueuse, néanmoins j’apprécie bon nombre de jeux vidéo pour leur valeur en terme de scénario et d’esthétique.
Et si, comme moi, tu as lu Digenis Akritas ou encore La Jerusalem Delivrée du Tasse, tu comprendras que l’histoire d‘Assassin’s Creed va un peu plus loin qu’Indiana Jones.
L’an dernier a eu lieu dans la galerie Arludik une exposition dédié à ce jeu. C’est d’ailleurs le cas aujourd’hui pour la nouvelle édition qui vient de paraître. Avant de vous exposer ma petite réflexion, il faut avoir plusieurs éléments en tête.
Qu’est-ce qu’une galerie d’art ?
Une galerie d’art, ce n’est pas pour rigoler, c’est une histoire de fric. Les expositions des galeries d’art, elles ont le même statut que la machine à raclette en exposition chez Darty. Quand tu vas dans une galerie d’art, tu ne fais pas vraiment ton touriste, parce que tu es acheteur potentiel. C’est comme à la FIAC.
Qu’est-ce qu’une toile numérique ?
Une toile numérique, c’est l’impression sur un chassis entoilé d’une production graphique numérique. Tout le monde peut le faire. Si j’ai envie, je peux imprimer mes photos de vacances sur une toile immense.
Cela ne coûte pas forcément très cher à produire, selon la taille de ta reproduction.
Le nouvel oxymore
Du coup, concrètement, une toile numérique n’est qu’une simple reproduction sur support matériel d’une oeuvre graphique numérique. Cela nous amène à penser ce grand débat du moment qui est “comment gagner de l’argent avec des pixels”. Il y a quelques mois, je participais à un workshop/rencontre avec des illustrateurs connus. J’ai appris ce jour là que l’un d’eux revendait ses croquis ou ses illustrations originales pour gagner de l’argent dans les périodes de creux, bien qu’en réalité il envoyait les scans aux éditeurs. D’ailleurs j’emploie le terme “éditeur” au sens large du terme, il désigne autant la presse que les livres.
Une autre illustratrice présente, répondait que justement elle ne pouvait pas faire cela, car elle produisant TOUT à la tablette graphique… au point où ses croquis sur papier ne ressemblait plus à rien.
Alors finalement, “l’authentique toile numérique”, c’est la parade ultime ?
À un moment donné, on considérait largement l’art comme devant être incarné par un objet original et unique, c’est l’oeuvre d’art. Quand la photographie est arrivé, il a fallu trouver une parade économique pour réussir à vendre les clichés. Parce qu’après tout, si le cliché est reproductible, pourquoi payer si cher ?
C’est pourquoi les photographies d’arts sont produites à des nombres d’exemplaires limités et sont numérotées. Moins il y a de production, plus la photographie est chère. Aussi, il te faut avoir le bon format, celui décidé par son auteur… Bref, toute une histoire de finauderie.
L’authentique toile numérique est un beau paradoxe. Une toile numérique, authentique ? Cela veut dire qu’il y a de fausses toiles numériques bien que ce soit la même image et le même type de toile ?
En réalité, c’est une histoire de label qui permet d’identifier un tirage comme étant celui qui sera l’oeuvre. Ce tirage, et pas une autre.
Sur ce, je vous laisse, je vais faire en nombre limitée des photographies de mon lapin, avec “tirage n° X/5”, et les vendre.
À lire : Walter Benjamin, L’Oeuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique.
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.