L’an 2021 est passé. Cela fait quelques heures que nous sommes en 2022. Je suis triste et tendue, alors comme la théorie dit que j’aime écrire, j’écris. En 2021, il y a eu énormément de changements, de révélations et de confirmations. Autant de bonnes nouvelles de chocs, autant d’instants heureux que de terreurs. C’est une année où je n’ai pas moins écouter Moby, bien au contraire, surtout grâce à une personne chère qui a réussi à dégoter le disque vinyle de Play pour mon anniversaire. C’est également l’année où je suis parvenue à reprendre la lecture assez sérieusement, à apprécier et à trépigner d’impatience à l’idée de démarrer la lecture d’un autre ouvrage.
Parmi les petites révélations plus ou moins personnelles, celle de la vraie raison de pourquoi j’ai un emploi du temps pas si lisse.
Ressentir sa tension
Je crois que je détecte mon niveau de tension plus facilement d’un point de vue physique que psychique. Généralement, psychiquement c’est déjà trop tard quand je m’en rends compte, car ce sont des moments où j’ai déjà envie de tout lâcher. Je sais que c’est tendu, car je dessers difficilement les doigts, étreignant avec force le bout de ma couette quand j’essaie de m’endormir au point de m’en faire mal aux articulations. Je sais que je suis tendue lorsque je me suis obstinée sur un sujet contraignant au point d’avoir oublié trop longtemps de cligner des yeux face à mon écran. Je pleure, pas de tristesse, mais peut-être un peu tout de même. Surtout, je sais que je suis tendue quand il ne se passe plus grand-chose et que je traverse une journée (ou plusieurs) avec le sentiment d’errer à la fois physiquement et mentalement en attendant simplement que ça passe. Puisque l’existence m’a apporté l’expérience que « ça reviendra » et « la vie continue ».
Mesurer l’énergie que je dépense
Analogie sportive, quand j’ai pu courir, être sur mon vélo, les performances sont toujours variables. Même si je suis dans des conditions similaires à la fois précédente, il y a forcément un moment où l’on se surprend (positivement ou négativement) et cela fait partie du jeu. Malgré les entraînements, leurs régularités, les automatismes que l’on se force à inscrire dans son corps, la surprise est toujours au rendez-vous à un moment donné et c’est sans doute aussi pour cela que l’on aime bien le sport. C’est ce qui fait le panache et les belles histoires dans les compétitions que l’on regarde à la télévision. J’ai toujours aimé les récits sportifs. Lisez J.O. de Raymond Depardon, cela me fera plaisir.
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Ces derniers mois furent ceux où j’ai fait connaissance avec quelques-unes de mes vraies faiblesses, et pour ce faire il a fallu – le plus difficile – apprendre à reconnaître mes forces et qualités. Oui, je suis plutôt performante dans mon travail, j’arrive à faire des choses plus vite que d’autres personnes, je parviens à réfléchir régulièrement en dehors des sentiers battus, ce qui a fait de moi une professionnelle appréciée par moment (vous voyez, je minimise encore). Mais ce n’est pas parce que je réalise des tâches plus vite ou plus facilement d’un point de vue extérieur que cela me fatigue moins. Et là fut la vraie révélation. Le temps passé n’a aucun lien avec l’énergie consommée. Ce n’est pas parce que tu cours plus vite que cela te fatigue moins qu’une personne plus lente. C’est peut-être même pire, car tu parviens à aller plus loin en moins de temps alors tu te laisses partir tout droit tête baissée sans prendre conscience qu’il faudrait sans doute faire une pause.
Ce constat m’a permis de réaliser pourquoi j’étais si épuisée à la fin de certaines journées. Il arrive parfois (régulièrement) que, concentrée et prise dans mon idée, je lève les yeux vers 16h de l’après-midi sans avoir déjeuné. Et par mimétisme des rythmes de bureaux, je continue tout de même jusqu’à 18h ou plus tard après une collation. Ce sont des journées très productives, pourtant, ce n’est pas parce que je le peux que je dois le faire. En même temps, cela vient aussi tout seul et je n’ai pas envie de me freiner dans un fonctionnement où je suis à l’aise. Cependant, de comprendre que j’avais effectivement dépensé énormément d’énergie dans un temps concentré m’a fait déculpabiliser de passer une soirée et une matinée suivantes loin de mon travail. J’ai un métier cérébral. Donc j’essaie à présent de laisser aller mon cerveau tout en lui disant de temps à autre « il va falloir dire à ton estomac de se manifester un peu plus bruyamment pour convaincre ces jambes de partir en chasse de nourriture ».
Mieux connaître ce qui me fatigue
J’ai remarqué que l’on me reprochait de temps en temps de ne pas faire ceci ou cela alors que ça ne fatigue pas, que cela ne me contrarie pas et qu’à l’inverse il y a d’autres activités dont je ne comprends pas bien le fun et qui vont même me fatiguer de façon sans doute exagérée d’un point de vue extérieur. Que ce soit pour une question de tempérament, de câblage neurologique, ou tout simplement de goûts différents, c’est ainsi. Et finalement, j’ai mis peut-être 32 ans à relativement (vraiment relativement) déculpabiliser pour ne pas faire des choses que je n’aime pas faire (ou au moins, choisir quand je les fais et ne pas les subir) et mieux profiter de ce que j’apprécie. Bien sûr, je ferai toujours des efforts ou ferai simplement preuve d’adaptation parce que c’est le jeu social. Mais choisir de participer à, et ne pas subir, des activités/contextes, c’est peut-être ma vraie résolution de 2022.
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