On met pas mal de choses sur le dos des changements de vie. Il a bon dos le changement de vie ! Pourquoi sommes-nous si perturbés par le fait de bouger géographiquement, de job, ou de saison ? Ne pouvons-nous pas rester constants dans nos activités ?
Heureusement que nous sommes affectés par la vie. Sinon nous nous ferions sérieusement chier. Imaginez une carte perforée à la naissance qui dit que dans la vie vous ferez du dessin, n’aimerez pas les endives, et c’est tout. Aucune évolution dans les goûts, aucune découverte. Mince, si j’étais restée avec les goûts que j’avais il y a 10 ans… ou même il y a 5 ans !
Il y a pourtant des choses constantes, dont nous n’avons pas toujours conscience. Chez moi, c’est par exemple le besoin d’avoir une forêt près de chez moi. C’est ainsi, j’ai grandi aux limites de ma ville bordée par une forêt domaniale. Même sans y aller tous les jours, je voyais les arbres et leur silhouette étaient ma dernière vision avant de m’endormir. J’en ai eu peur lorsque j’étais jeune enfant, car j’avais l’impression que ces ombres me regardaient à travers les rideaux. Puis je fus triste lorsqu’en hiver 1999 j’en vis couchés par dizaine à travers les routes. À 18 ans, je suis partie vivre à Nantes. Mon seul réel regret, était de ne pas avoir de forêt. Cette histoire je vous la raconte en raison d’une réflexion que je me suis faite vendredi matin.
J’étais sur une rive du canal de l’Aisne à la Marne à Reims, et j’ai entendu le son des feuilles d’arbres chanter avec le vent. Ce que j’aime cette mélodie ! C’est à ce moment que je me suis demandée la manière dont laquelle je pourrais la transcrire en images.
Ma frustration du dimanche précédent s’est expliquée. Lors de ma visite du Palais du Tau, j’ai remarqué que j’avais oublié ma carte mémoire. Je ne pouvais pas prendre de photo, et je n’avais pas emmené de carnet de dessin avec moi. Certes je dessine moins, mais pourquoi ? Peut-être n’avais-je rien à raconter. J’étais plongée dans un mutisme graphique. Et au moment où j’ai ressenti le besoin de prendre une photo, non pas pour capturer une image, mais pour la transmettre, et que je n’en avais pas les moyens, je me suis sentie terriblement mal.
Je me suis finalement rendue compte de l’importance qu’avaient les images dans ma manière d’exprimer les choses, et de raconter des histoires.
Curieux, n’est-ce pas ?
Photos prises dans la forêt domaniale du Chêne de la Vierge, Parc Naturel de la Montagne de Reims
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