L’Amérique des années 40 à 60, cela fait rêver. Il s’agit de l’Amérique de l’après-guerre, celle qui ressort avec une bonne partie de l’or mondiale dans ses poches et qui figure en tant que héros pour l’Europe. C’est celle des chants Calypso et du triomphe des Andrews Sisters dont le répertoire a été si mal repris par les Puppini Sisters. Ces dernières incarnent alors la mémoire contemporaine d’une image glamour des États-Unis.
Ces années et l’imagerie qui en écoulent incarnent également le relèvement d’une société grâce à l’innovation. En d’autres termes, c’est une époque bien glorieuse qui fait sans doute du bien à nous autres qui subissons des coupes budgétaires, des tarifs immobiliers au plafond et ce dont on peut entendre parler au JT.
Il est évident qu’une société qui va bien, fait du bien à voir.
Alors on mange tous américain, on se décore à l’américaine mais pas n’importe laquelle. Je ne suis certainement pas la seule à avoir constaté cette tendance où il est bon de s’habiller comme dans Mad Men, de porter un tablier avec des poids et des froufrous, et de manger des burgers dans des restaurants qui ressemblent à des Diners.
Il y en a même un de ce style dans le terminal C de l’aéroport de Tegel à Berlin. Smoothies, cheesecake, carrot cake et autres étaient en vente pour être dégusté sur des chaises hautes chromées à côté de fausses bornes de station service rouges.
Entre le secteur de la cuisine, de la mode ou de la décoration, nous ne sommes pas vraiment épargnés par cette tendance. Ce n’est pas un mal, c’est tellement bon le gâteaux au carottes ! Mais cela en parfois presque absurde ; je suis allée la semaine dernière dans un restaurant d’influence japonaise (Nanashi) qui sert alors des bentos et autres spécialités nippones, mais qui propose en dessert des cheese cakes et des carrot cakes. Mais si vous y allez, goûtez y quand même car c’est délicieux.
Mes recherches autour de ce sujet m’ont dont menée à ce terrible bon dossier du dernier numérique d’Étapes intitulé Edward Hopper ou les interstices de la vie écrit par Pierre Fresnault-Deruelle, professeur de Sémiologie à l’Unvisersité Paris 1 (Panthéon-Sorbonne). J’apprends alors l’existence de ce mouvement dont on ne m’a jamais parlé en Histoire de l’Art à savoir le mouvement American Scene qu’on appelle aussi Regionalism. Il s’agit d’un mouvement qu’on estime se manifester des années 1920 aux années 1950 peindre et dépeindre le quotidien populaire des Américains, et dans ce cadre les peintures de Hopper ne s’y inscrivent pas forcément.
Les images sont contemplatives et mélancoliques. Elles m’inspirent alors ces images de paysage vides et de bâtiments sans réel signe de vie vus lors de l’exposition rétrospective Joel Meyerowitz à la Maison Européenne de la Photographie ou encore aux clichés de Noel Kerns, ou encore à celle de Raymond Depardon dans son parcours de la France qu’on aperçoit dans le film Journal de France sorti en salles l’an dernier.
Il apparaît une image des États-Unis qui semble se résumer à quelques objets et quelques lieux.
Il y a ce rapport entre l’homme et la femme, le ménage parfait tel qu’on le voit dans Ma sorcière bien-aimée qui ne plaît pas tellement aux féministes mais qui donne certainement une image rassurante d’une famille parfaite et normale dans laquelle on peut se réfugier après une journée de travail normale. Enfin il y a ces lieux caractéristiques qu’on reconnaît à certains objets. C’est ainsi que nous imaginons le fameux diner que chante Suzanne Vega, nous l’imaginons avec des banquettes alignées et des tabourets chromés alignés le long d’un bar où on sert des oeufs au bacon. Les bornes de stations services, objets d’extérieurs, sont également extrêmement présentes pour rappeler le lien entre les Américains et leur voiture et la fameuse figure du routier.
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.