Produire, toujours produire

Regarder les productions des autres, c’est toujours extrêmement enrichissant. On appréhende la patte de l’autre et on comprend des choses rien qu’en regardant une manière de faire qui n’est pas la sienne. Parfois, on se trouve bien minable ou complètement pitoyable si on a envie de comparer. Pourtant on sait bien que ce n’est pas toujours comparable car les auteurs ne sont pas les mêmes, les discours sont différents et l’expérience l’est plus encore. C’est d’ailleurs tout l’intérêt de regarder ce que font les autres, au moins pour ne pas s’isoler et se perdre dans une monotonie qui empêchera ensuite toute innovation et l’apparition de nouvelles perspectives.

Il arrive forcément un moment où on se démotive. Cela dure plus moins longtemps. Cette phase de doute, c’est celle où on pense que ce qu’on faut ne vaut pas forcément grand chose alors cela n’en vaut pas la peine. Chez moi, ce sont des petites périodes de plus en plus courtes mais régulières. J’apprends au fur et à mesure à maîtriser ce sentiment néfaste car déprimant et qui m’empêche d’avancer.

S’il y a bien une chose que j’ai pu acquérir durant ces quelques derniers mois ou dernières années (je ne sais pas trop), c’est bien la ténacité à ne pas lâcher mon rythme de production. Qu’importe si ce dessin est bien banal et faux, qu’importe si cette photographie est normée, je produis toujours, encore, et tout est un prétexte. Ce verre que je croque n’est pas bien passionnant, mais tant pis, je saisis tout de même sa silhouette et bien que le sujet semble déjà avoir été traité par 3000 ans d’histoire de l’art, je m’en fiche absolument et je continue.

Car je continue d’apprendre quand même. Et même si on ne dessine pas mieux ou si on ne cadre pas mieux ses photos après cette séance, on en a appris beaucoup sur soi.

L’outil et le médium, ce n’est pas que le crayon, le feutre ou cet appareil photo numérique de dernière génération, c’est aussi et surtout soi-même. Il faut apprendre à se maîtriser, aller à la rencontre de son style et de sa griffe. Et c’est en faisant des choses banales et déjà-vus, en les regardant et en les comprenant, qu’on finit par reconnaître ce qu’il y a de très personnel dans cette photographie si habituelle. tuileries-2013-chaises

Choisir les arts-plastiques comme loisirs ou passe-temps favori, ce n’est pas seulement avoir envie de fabriquer de jolis choses avec les derniers masking tape vendus chez Rougier & Plé ou Géants des Beaux Arts. Pour ma part, c’est aussi partir à la recherche de moi-même en essayant de comprendre les choix que je fais et l’esthétisme que j’esquisse à travers des croquis quotidiens paraissant tellement communs.


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