Le week end dernier, je me suis faite la réflexion que j’aimerais le mois de février moins court. Je voulais qu’il passe moins vite afin que je ressente plus de temps pour mes activités loisirs et aussi pour consacrer du temps aux personnes qui m’entourent. Seulement, c’est justement lorsque je n’ai pas le temps de faire les choses, que je les fais le mieux. Prenez le temps que vous n’avez pas, vous serez plus talentueux.
Faire des pieds et des mains, voilà une expression entrée dans le jargon plébéien pour désigner l’action de réaliser une tâche particulièrement difficile et qui demande beaucoup de retouches. Saviez-vous qu’elle désigne directement le fait de dessiner des pieds et des mains ? Ce serait la partie du corps la plus difficile à saisir en trait et en volume, et cela n’est absolument pas étonnant lorsqu’on imagine la complexité de la chose.
Mais est-ce l’élément le plus long à réaliser ? Je pense alors pouvoir affirmer avec ma petite expérience de la vie que le temps consacré n’a rien à voir avec l’essence de la qualité d’un travail. Bien entendu, prendre plus de temps c’est mieux développer et peaufiner la texture de son rendu. Pourtant, ne pas avoir le temps force l’esprit à la synthèse et à réfléchir à l’essentiel et rendre ainsi le travail plus efficace.
Je trouve que cela se ressent réellement dans la pratique du dessin. En effet, lorsque j’ai commencé à griffonner assidument (au collège), j’essayais de reproduire tout en détail. Il fallait que la pupille soit exactement telle que je la voyais et c’était un véritable calvaire de poser pour moi. Aujourd’hui, la pratique a exercé mon oeil et surtout le manque de temps et de disponibilité m’a permis de développer une capacité de synthèse de mon trait. Je suis à présent capable d’assumer le fait de ne pas avoir le temps pour aller en ce sens et capturer les lignes et les courbes qui vont permettre de définir une silhouette reconnaissable.
La silhouette, c’est l’essentiel, du moins dans ce que je réalise. Si ma silhouette est bonne au sens où elle n’aura pas d’angles contre-nature. De la même manière, je dois être capable de reconnaître mon sujet bien qu’il y ait un minimum de trait. Ce n’est que lorsque je serai satisfaite de ma silhouette que je vais prendre le temps de détailler. Et encore, je fais très souvent le choix de ne détailler que certaines parties, celles qui me semblent utile pour donner plus d’informations sur le dessin. Je sélectionne alors les volumes et les ombres de la même manière que je sélectionne l’ordre de mes paragraphes dans un texte. C’est la composition.
C’est un cas pratique, mais j’essaie aujourd’hui d’appliquer cette manière de faire à mon quotidien. Si je n’ai pas le temps de faire une chose pourtant nécessaire, je vais synthétiser mon action pour la rendre plus efficace en choisissant les choses à traiter. Si j’ai seulement 15 minutes, j’assume ces 15 minutes et j’en sors le meilleur (et plus) de ce que je peux réaliser en un quart d’heure. Cela ne rivalise pas avec la même tâche faite en 1 heure en terme de développement, mais ce sera peut-être meilleur en qualité.
Il ne reste qu’une vingtaine de jours avant la fin du mois, et je n’ai absolument pas le temps de faire tout ce dont j’ai à faire. Tant mieux, je les ferai encore mieux.
Rassurez-moi, vous voyez mon arc-en-ciel sur la dernière photo ?
Les croquis de ce billet m’ont chacun pris moins de 15 minutes, à peine quelques secondes pour certains.
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