Noel Kerns est un photographie américain vivant à Dallas. Il photographie le Texas en long, en large et en travers, dans des mises en scène lumineuses qui révèlent les lieux. Une partie de son travail est consacrée aux ruines. Grâce à une scénographie qui joue sur la mise en valeur d’éléments par des couleurs inattendues, il donne une tout autre dimension à des bâtiments abandonnés.
Car je suis bavarde, je vais en profiter pour présenter deux usages de la photographies de ruines : la Mission héliographique (1851) et la photographie d’archéologie.
Grâce à un jeu d’éclairage, Noel Kerns divise l’espace en opposant des teintes différentes. La source de la lumière n’est pas visible, mais on se doute bien que ces couleurs ne sont pas la conséquence d’un éclairage naturel.
Le hors champ prend alors une grande importance. La lumière peut venir de l’extérieur ou d’une pièce adjacente, et l’oeil est attiré vers ces espaces qu’on ne nous montre pas. Ce sont des points d’ouverture qui donnent du relief au visuel pour ouvrir une porte à l’imagination du spectateur. Chez Alfred Hitchcock, l’élément perturbateur et décisif venait souvent de cette ouverture. C’est un procédé très utilisé dans tous le cinéma d’angoisse et d’horreur en ne vous montrant jamais grand chose, tout en vous laissant deviner ce qui va arriver par une ouverture dans l’image : un reflet, une porte qui donne sur un couloir, une ombre…
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1851 : La mission héliographique
Sauf qu’aujourd’hui, je ne vous parlerai pas de cinéma mais de vieilles photographies bien jaunâtre.
Au XIXe siècle, la France était gouvernée par les ficelles de Louis-Napoléon Bonaparte qu’on appela également Napoléon III. Le pays n’est pas dans un état fantastique et il serait bon de redorer un peu le blason de la nation. Pour ce faire, une vaste campagne de restauration des monuments français a été mise en place. Seulement il fallait pouvoir répertorier les bâtiments qui demandaient à faire des travaux et les suivre. C’est dans ce contexte qu’a été mise en place la Mission héliographique, du nom de la technique d’impression de photographies sur papier.
Les photographes mandatés pour cette mission sont alors Gustave Le Gray, Henri le Secq, Edouard Baldus, Auguste Mestral et Hippolyte Bayard. Pour note, Gustave Le Gray est l’auteur de la première photographie officielle d’un Chef de l’État et deviendra également le photographe officiel de la famille impérial. C’est un nom à retenir !
C’est à ce moment que furent photographier en masse les châteaux de la Loire ou encore les ruines romaines et gallo-romaines du Sud de la France. Une iconographie dense est mise en place et participe à l’image du pays en tant que berceau d’un riche patrimoine.
Ci-dessous, une vue de Paris par Edouard Baldus :
La photo d’archéologie
La photographie est alors appréciée en tant qu’outil d’enregistrement. Elle n’est pas esthétique, elle permet de capturer et le réel pour l’archiver au même titre qu’un rapport administratif.
Elle a d’ailleurs servi de support à des artistes tel qu’Eugène Delacroix qui se servit de photographies pour ses études morphologiques. Et oui, même Delacroix dessinait à partir de photo, alors ce n’est pas une honte. :-)
C’est pour cette raison que la photographie a beaucoup été utilisé lors de voyage ethnologiques ou archéologiques. C’est une manière de garder une trace visuelle de ce qu’on a vu, de la même manière que ma pauvre photographie de touriste.
Ça et les croquis dessinés, ce sont les supports iconographiques dont se serviront les scientifiques lors de leurs études. Ce n’est pas pour rien si l’invention de la photographie a été déclarée à l’Académie des Sciences.
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