Un jour, il m’a fait remarquer que je faisais des dessins aux couleurs douces et pastels. De mon côté, je n’y ai jamais vraiment fait attention en me contentant simplement de mettre en couleur mes images.
Parfois je pars d’une forme à mettre en couleurs, mais il m’arrive aussi d’attaquer directement aux crayons de couleurs une forme ou une texture. Je suis d’ailleurs passer maître dans l’art de dessiner des poils d’animaux. Si vous êtes sages, je vous montrerai.
Maintenant je dois admettre qu’il avait terriblement raison. Car même lorsque j’essaie de mettre du vif et du concentré de pigment sur ma surface, je finis toujours par la diluer avec autre chose. Même lorsque je me lance avec une craie de pastel à l’huile bien intense, elle finit toujours par se dissoudre et se faire malmener (travailler) par un pinceau généreusement imbibé d’essence de térébentine.
Parce que je suis là, à chercher une texture. Les lavis m’ennuient.
Pourtant c’est certainement par l’aquarelle que je suis arrivée à cette manie, la recherche de multiples effets juste en changeant d’outils, de supports ou de diluant. C’est par l’aquarelle que j’ai tout compris.
Avec toutes les péripéties que j’ai subi cette année, j’ai eu beaucoup de mal à me remettre à dessiner correctement. Mes doigts ne voulaient pas se plier et se débattait contre ma volonté. Ils avaient perdu de cette patience et de cette endurance qui pouvait me faire gribouiller des heures durant sans m’en rendre compte.
Aujourd’hui mon esprit commence à se calmer et mes doigts avec. J’arrive à rester assise sereinement plus d’un quart d’heure sans sauter partout, et sans empoigner mon ordinateur et mon téléphone. Les flux d’information sont néfastes pour ma capacité à produire quelque chose. Parce que cela entraîne mon esprit dans une gymnastique survoltée et il n’arrive donc pas à se reposer pour travailler. Il faut que je puisse sentir mes méninges se tortiller comme des élastiques. Souvent cela se déroule en tâche de fond, un petit vase se remplit de petites choses glanées ici et là et mes méninges pétrissent le tout pour sortir une idée ou une envie.
C’est à ce moment là que, sans y penser, j’attrape un crayon et je commence à dessiner une forme sans nom. Puis à un moment… oui… je la reconnais. Ma nouvelle petite idée. C’est comme une rencontre.
Cette fois-ci cela ne tombe pas sur une espèce de pseudo principe artistique un peu conceptuel de recherche de formes, mais sur un personnage. J’en fais alors plusieurs dans mon carnet afin de voir si quelque chose commence à se former. C’est comme lorsqu’on regarde un animal, on le découvre dans un coin d’un arbre puis on commence à l’observer afin d’identifier son comportement.
Oui, mon nouveau personnage est apparu et je n’ai pas encore son nom. Pourtant je reconnais en lui beaucoup de chose de mon quotidien. Cette forme de tête me rappelle quelqu’un, ce vélo me fait penser à autre chose, cette façon de le positionner sur la feuille m’envoie le souvenir d’encore autre chose.
J’ai bien fait de muscler mes méninges !
C’est un grand événement une naissance !
Alors cela mérite quelque chose d’exceptionnel. J’ouvre mon tiroir et je sors mes crayons Irojiten de la marque Tombow. Mes crayons qui viennent du Japon, mes crayons que j’aime tant. J’attrape la boîte Pale tone et découvre ses douces teintes pastels : orchid pink, coral pink, shell pink, narcissus, lettuce green, ice green, aqua, forget-me-not blue, lilac, pigeon gray.
Voilà les couleurs dans lesquelles je vais voir mon quotidien à partir de ce jour.
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